beaux livres : photo, architecture, art

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Running away into you

Running away into you est le premier livre du jeune réalisateur portugais Mário Macedo. Sous la forme d’un témoignage intime, cet ouvrage fait le récit d’une déambulation amoureuse de près de dix ans, de rencontres enfumées et de fêtes entre Zagreb, Berlin, Copenhague ou Lisbonne, tels des instantanés d’une jeunesse européenne cherchant à ralentir le rythme de nos sociétés capitalistes.

Gangsta Dating Story

Ce travail photographique est un témoignage de la culture des gangs américains qui glorifient l’argent facile, la défiance envers l’autorité et la drague sauvage. Pendant les mois que Souhayl A a passé en Floride, il a essayé de documenter et décoder de l’intérieur le quotidien de Sex, Money & Murder, l’un des gangs les plus violents au monde.

L’arbre-machine

Sylvie Bonnot mène depuis plusieurs années une recherche plastique et documentaire autour des forêts françaises, collectant des images en métropole et en Guyane. Les grands écarts qui les caractérisent sont ici mis en relation pour témoigner d’une complexité paysagère et industrielle.

« De la forêt proche, en Bourgogne ou en Savoie, elle a cherché à mesurer
et à transcrire la confrontation avec l’humain, tant dans l’exploitation forestière que dans l’aménagement hydroélectrique. […] elle met en exergue la relation flore, faune, humanité dans ce qu’elle a d’indomptable. Les machines et les installations se conjuguent au monde organique de manière brutale mais toujours poétique, traversées par la mue du serpent, animalité fuyante.
Sous ce nom (mue), Sylvie Bonnot métamorphose depuis près d’une décennie des tirages photographiques en séparant la gélatine, sur laquelle l’image s’est formée, de son support de papier pour donner naissance à un monde hybride. » (extrait du texte de Sophie Eloy & François Michaud)


L’ouvrage s’ouvre ainsi sur un large ensemble de ces « mues », créations photographiques élaborées à partir d’une solide recherche documentaire sur les différents états et exploitation de la forêt aujourd’hui. Il se poursuit sur ce que nous avons nommé un petit atlas de la forêt, permettant au lecteur de découvrir et de suivre le cheminement de la recherche documentaire qui a permis à l’artiste de constituer ces œuvres.

Doutes

Doutes est un voyage entre Marseille, où André Mérian réside, et Avignon, où il rejoignait régulièrement sa compagne entre 2019 et 2021.

Les photographies qui composent le livre ont toutes été réalisées dans les lieux, les intérieurs, les paysages traversés quotidiennement par l’artiste. Les trottoirs, tout comme les tables de salon, deviennent des scènes sur lesquelles s’organisent au gré de la journée des objets, des couleurs, des équilibres précaires. Embarqué dans le flux des situations, André Mérian réussit à saisir les micro-paysages, les sculptures involontaires et les brisures du réel. De cet espace commun, il parvient à dépayser le regard.

Les Modernes

 La “modernité” n’est-elle pas de n’avoir d’autre préoccupation que d’affronter l’objet sans détour, en osant voir ce que l’on voit ? Pour cela s’est imposé le seul format horizontal des images et un téléobjectif comme optique photographique. Et puis formulés dès l’origine, un titre, un livre et un temps donné — celui du troisième confinement lié à la pandémie du Covid 19, en 2021. Ce qui agit ici, c’est le rapport de l’espace photographique au réel, c’est-à-dire la distance posée entre l’opérateur et l’objet. Obtenir une nouvelle image du réel, c’est parler du réel d’une manière neuve. L’art en général et la photographie en particulier sont affaires de croyance. Il y a événement quand s’articulent représentation de l’objet (l’image) et relation au sujet (le spectateur). À quel moment sommes-nous réellement engagés dans l’Histoire ? 

Prospective

La prospective, considérée comme une science de « l’homme à venir » par son créateur Gaston Berger, vise, par une approche rationnelle et holistique, à préparer le futur de l’être humain. Elle ne consiste pas à prévoir l’avenir mais à élaborer des scénarios possibles et impossibles dans leurs perceptions du moment sur la base de l’analyse des données disponibles et de la compréhension et prise en compte des processus sociopsychologiques. Ainsi, les photographies de Pascal Hausherr composant ce véritable livre d’artiste paraissent rendre compte d’un moment juste avant ou juste après une certaine idée de catastrophe, que nous n’arrivons pas à nommer mais que nous ressentons. Est-ce le récit d’une intuition quant à l’avenir qui se prépare  ? On peut également voir dans cet ensemble d’images une réponse contemporaine au No Small Journeys que Robert Adams composa dans les années 1980.

En piste

Sujets transversaux et parfois à la marge, gymnases, piscines, hippodromes, stades ou terrain de tennis, entre autres, constituent une typologie architecturale à part. Ce dixième opus de la collection « Ré-inventaire » se consacre aux rapports de ces équipements exceptionnels avec le territoire et les athlètes qui les font vivre. Avec un focus élargi au-delà de Paris et de sa petite couronne, cet ouvrage se veut documentaire de la pratique sportive des franciliens depuis 1880. À l’aune des Jeux Olympiques et paralympiques de 2024, les édifices sportifs témoignent ainsi de l’engagement historique de la région Île-de-France en faveur du sport et des pratiques sportives.

Istanbul. Will you still love me tomorrow

Istanbul, Will You Still Love Me tomorrow est une traversée photographique d’un Istanbul en noir et blanc, loin des clichés touristiques. Jehsong Baak s’est, en effet, attaché à saisir les moments de tendresse, les rencontres et les effleurements de peaux des stambouliotes dans cette ville de croisement entre Asie et Europe. Un croisement de culture que l’on retrouve au fil des pages du livre, passages entre tradition et modernité, entre religion et laïcité. Tout en douceur, le regard de Jehsong Baak fait cohabiter les différences et les antagonismes d’un Istanbul contemporain où prédomine toujours l’immense tendresse du peuple turc. Ce livre est une véritable déclaration d’amour envers la ville et ses habitants. 

Répliques. Mayotte en république

Mayotte est riche de mille spécificités : une culture métissée au croisement des héritages malgaches et shiraziens, une terre française et comorienne, un lagon exceptionnel, le plus vaste de l’océan indien…

Le photographe Franck Tomps a découvert à Mayotte un territoire magnifique et fascinant. Avec la départementalisation, la société mahoraise se restructure à grands pas dans un mouvement fragmenté. C’est précisément de cette transition historique dont il souhaite être le témoin. Sur ce territoire, tout bouillonne : la jeunesse majoritaire ; les esprits, quand on parle d’immigration et d’insécurité ; l’activité, où tous les pans de l’économie et du confort moderne se développent. Son travail photographique veut non seulement comprendre mais expliquer, non seulement témoigner mais mobiliser. Il fonctionne sur l’affirmation de notre humanité commune. En cela il est documentaire.

C’est le premier projet artistique de ce type mené sur le territoire.

To Winter There

To winter there est un récit visuel inspiré des expéditions de Louis Jolliet (1645-1700) à travers le continent nord-américain, territoire qu’il a parcouru tout au long de sa vie jusqu’à sa disparition en mer. Près de trois cents ans plus tard, en l’absence de ses journaux perdus, Charles-Frédérick Ouellet est parti sur les traces de ce personnage oublié, le long des fleuves qui s’enfoncent à l’intérieur des terres. Ses photographies dévoilent deux territoires situés aux directions opposées, l’un au sud des États-Unis, vers l’embouchure du Mississippi, l’autre au nord du Québec où s’impose la mer du Labrador.

« À l’affût, Ouellet a exploré de manière inédite ce qu’il est advenu de l’utopie d’une Amérique française. Sans donner à voir un récit linéaire, il a plutôt assemblé d’inextricables fils conducteurs, comme des témoins vivaces, dans des clairs-obscurs flous. En hiver, au sud comme au nord, partout, des signalétiques routières : des lignes et des formes, des croisées faites de poteaux, de câbles électriques, de poutres et d’édifices donnent une cohérence à la mission photographique. Vers le sud, la culture populaire rurale et urbaine conserve les vestiges d’un mode de vie hérité du Far West, des Cowboys et des Indiens. Au nord, on retrace des coureurs de bois devenus sportsmen. Une Nature trouble, tant par ses eaux que par ses arbres, sert aussi de décor. » (Extrait du texte de Guy Sioui Durand)