beaux livres : photo, architecture, art

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Femmes photographes. Dix ans de lutte pour sortir de l’ombre.

Ce livre est le récit d’une décennie (2013-2023) d’engagements militantspour la reconnaissance des femmes photographes dans les lieux d’expression de l’art et dans les médias. Dix années d’actions, de débats, de confrontations qui ont changé profondément le milieu de la photographie en l’ouvrant à plus de diversité.

Pour ce récit témoignage, l’autrice est allée à la rencontre de plusieurs acteur.rices de cette histoire (artistes, institutionnels…), qu’iels aient été fortement opposé.es au changement ou favorables.

Le récit s’attache particulièrement au parcours engagé de la photographe Marie Docher. Le 6 avril 2014, une lettre ouverte adressée au directeur de la Maison Européenne de la Photographie est publiée sur un blog intitulé Atlantes & Cariatides : culture, arts plastiques et fonds publics. Le rédacteur, Vincent David, écrit : « Depuis 1996, la MEP a présenté 280 expositions individuelles, et 82,5% d’entre elles présentaient des travaux réalisés par des hommes… »

Cette lettre va être suivie d’articles montrant la très faible proportion de femmes dans les secteurs de la photographie, chiffres à l’appui. Éditeurs, festivals, galeries, prix, institutions… tout le secteur est analysé, les responsables d’institutions et de festivals interpellés et les rares études sur le sujet diffusées.

Personne ne connaît Vincent David mais chaque article va faire l’objet de commentaires, de prises de conscience et d’agacements. Des chiffres, des études, un homme… Le sujet est posé. À partir de ce moment, une conjonction d’évènements institutionnels, politiques et militants vont transformer profondément les champs de la photographie en France. En octobre 2015, la MEP organise un évènement qui fera date et viendra bousculer les croyances et les impensés en questionnant des artistes, l’histoire de l’art, la sociologie, les politiques publiques… : Ni vues ni connues, comment les femmes font carrière (ou pas) en photographie. Vincent David est invité et révèlera sa véritable identité : c’est la photographe Marie Docher qui a « troublé » le genre pour être lue.

SERIOUS GAMES : « UN CARCAN LUDIQUE » ?

L’extension du jeu à des domaines qui n’en relèvent pas est une tendance caractéristique du monde contemporain, communément désignée sous le terme de gamification. Ce phénomène d’ampleur considérable privilégie le développement d’un type de jeu particulier, au nom quasi oxymorique : le serious game, qui associe des moyens ludiques à une finalité productive, formatrice ou communicationnelle. L’ouvrage aborde le sujet sous un angle original, partant des fonctions de l’activité ludique dans le monde animal pour en interroger les finalités paradoxales dans la production et l’usage des jeux vidéo. Julian Alvarez met ainsi en relation le jeu solitaire que proposent les médiations virtuelles les plus sophistiquées avec les pratiques animales les plus rudimentaires en apparence. Il ne s’arrête toutefois pas à cette comparaison mais inaugure une réflexion sur le « carcan ludique » et les contraintes opposées à la liberté de jouer. L’ouvrage dévoile ainsi les effets rétroactifs et réciproques d’une standardisation culturelle sur la pratique des jeux. L’auteur, pour qui « jouer est finalement un travail de tous les jours », fournit au lecteur (ou au joueur) les éléments qui le guideront dans un monde imprégné de la culture des jeux vidéo pour décider lui-même du degré de confusion ou de distinction qui doit s’imposer entre activité ludique et contrainte laborieuse.

Nouvelles du paradis. La carte postale de vacances

Depuis la fin du XIXe siècle, la carte postale joue un rôle clef dans la mise en images des territoires. D’abord liée aux migrations volontaires ou forcées, elle s’impose peu à peu comme un rituel vacancier avec l’essor des congés payés et du tourisme de masse. Soumis à une concurrence de plus en plus rude, les éditeurs de cartes se battent pour les meilleurs points de vente, amendant sans cesse leurs collections de vues pour qu’elles coïncident au mieux avec les goûts changeants des consommateurs, quitte à recourir au photomontage…
Nouvelles du paradis aborde les cartes postales sous un angle original et double. En tant qu’objet de correspondance, d’une part, et en tant que produit industriel et éditorialisé d’autre part.
En exhibant ainsi les arcanes de la fabrication de l’imagerie touristique commerciale, au lieu de se contenter d’un commentaire iconographique superficiel, ce livre comble une véritable lacune. Conçu comme un ouvrage de référence, il croise les contributions de disciplines variées (histoire, sociologie, ethnologie, art contemporain) pour fournir un tableau très complet de l’évolution de cet objet populaire en voie de disparition.
De ses lieux d’émergence (tour Eiffel, littoraux…) aux procédés techniques auxquels les éditeurs recourent pour vendre plus, en passant par la sociabilité cartophile des collectionneurs et les nouveaux récits de vacances par l’image à l’heure des réseaux sociaux, la carte postale est abordée sous tous ses aspects.

Ecce Dico

Ecce Dico s’adresse à celles et ceux que les métiers créatifs intéressent et fascinent. Savoir-être, relations, état d’esprit, perspectives, il lève le voile sur le quotidien en agence et sur la vie des nombreux professionnels, toutes générations confondues, qui y travaillent. Douze ans après Ecce Logo (Loco, 2011), Gilles Deléris et Denis Gancel poursuivent leurs réflexions sur le monde des marques, du design, et de la communication. Co-fondateurs
de l’agence W réputée pour sa créativité, les auteurs proposent, définitions après définitions, un regard décalé et sans langue de bois sur la vie en agence. Les joies, les doutes, l’esprit de compagnonnage, le management, la place des femmes, le poison du harcèlement…
Gilles Deléris et Denis Gancel partagent leur expérience et leur amour pour le « plus beau métier du monde après la médecine et l’architecture ». Alors qu’Ecce Logo invitait à visiter une galerie d’art contemporain, les auteurs nous conduisent cette fois à parcourir une sorte de dictionnaire fantasque, une folie en forme d’abécédaire inspirée de l’édition 1923 du Petit Larousse illustré. Cent ans plus tard, ils conçoivent un objet original, qui fait interpréter l’incroyable imaginaire des gravures de l’époque par la puissance de l’intelligence artificielle. Le résultat est tantôt déroutant, tantôt surprenant, parfois kitch, parfois baroque mais donne à voir une esthétique en construction. Avant de se lancer dans la lecture des textes, chacune et chacun pourra tenter de retrouver les évocations qui se cachent derrière chaque lettrine. Enfin, qui dit dictionnaire dit « pages roses… ». Dans cette édition 2023, le jargon professionnel du métier remplace avec ironie les locutions latines.

In Between

Cet ouvrage se propose de questionner les différentes formes d’hybridation entre des pratiques artistiques, de design et d’architecture. Il adopte une perspective transdisciplinaire afin de réfléchir sur les espaces-temps de la création et leur répercutions dans la pédagogie, la recherche et la transmission. _ Quelles démarches pourraient permettre d’associer ces différents domaines de la pratique et de la théorie dans des initiatives pédagogiques audacieuses, en dépassant les limites disciplinaires et leurs contingences ?

Comme l’anthropologue Tim Ingold l’a montré le substantif in- between (que l’on pourrait traduire en français par « entre-deux ») indique un processus, un mouvement ou un devenir où les choses ne sont jamais figées dans une identité préconçue. Les auteurs (chercheurs, artistes, designers, architectes) ont choisi de se situer dans l’espace de l’in-between, un espace interstitiel et événementiel, qui exige en permanence d’être nouvellement cartographié. Il s’agit de dépasser l’analyse de situations connues de collaboration entre les arts, l’architecture et le design pour mieux comprendre les rouages des liaisons multiples entre ces champs : ce qui les rend possibles, ce qu’elles rendent possible. À travers des pratiques d’« indiscipline » et de « pédagogie relationnelle » s’ouvrent de nouveaux territoires pour la recherche-création.

Distance ludique, distance critique ?

C’est sur la notion de distance que cet ouvrage se fonde, car elle est au cœur de la notion de jeu : dire qu’il y a du jeu, c’est dire qu’il y a un espace entre les deux pièces d’un rouage, qui permet son fonctionnement. Or la distance est précisément aussi la condition d’un regard critique. Partant d’un questionnement historique et conceptuel sur les relations entre jeu et travail, ce livre associe la recherche d’une psychologue et celle d’une philosophe sur les rapports de pouvoir que ces relations induisent et les usages contemporains du jeu, dans ses modalités aussi bien sportives que théâtrales, physiques que numériques.

La question du management, centrale dans le monde du travail contemporain, y est abordée aussi bien par l’expérience réflexive de la psychologue sur le terrain de l’entreprise, que par ses ancrages et ses filiations historiques, du fordisme industriel à l’autoritarisme politique. L’ouvrage se clôt par une réflexion sur la notion de jeu de pouvoir, centrale dans la pensée de Michel Foucault pour analyser les gouvernementalités contemporaines autant que pour soutenir la possibilité des contre-pouvoirs.

Le travail photographique d’Alain Bernardini en éclaire de façon ludique le questionnement.

HK Destins/Schicksale

HK Destins Schicksale est un voyage de quête et d’enquête littéraire et photographique sur les traces de Heinrich König, né en Allemagne, témoin, acteur et victime des deux guerres mondiales, résistant au nazisme mort pour la France. En quête aussi des mémoires de papier enfouies dans les archives où subsistent des échos de ce destin européen paradigmatique. De cette matière patiemment recueillie, Arno Gisinger et Pierre Rabardel ont conçu un livre bilingue, français-allemand, inventant de nouvelles formes d’écriture pour tresser ensemble mots et images en une oeuvre dont les contributions d’Anne Bationo-Tillon et Florian Ebner développent et amplifient la puissance polyphonique.

Vivian Maier en toute discrétion

Une nouvelle photographe, Vivian Maier, est découverte en 2010 alors qu’elle vient de disparaître. Ses dizaines de milliers de clichés, dont une majorité de négatifs non développés, ont été découverts après sa mort, faisant d’elle une artiste célèbre. À partir de là, tous s’interrogent sur l’histoire de cette femme, sur sa personnalité, et découvrent qu’elle a aussi, un lien très fort avec la France.

Françoise Perron est partie sur ses traces, à New York, à Chicago et dans les Hautes-Alpes et a recueilli le récit de ceux qui l’ont bien connus en France et aux États-Unis, dévoilant ainsi, au-delà de la caricature de nounou acariâtre, qui a souvent circulé à son sujet, une personnalité trouble et attachante. De l’enfance de Vivian Maier dans cette vallée du Champsaur des années trente en passant par l’adolescence au sein d’une famille qui se déchire, jusqu’à cette jeune femme qui brave les usages de la société américaine des années cinquante, le livre retrace toutes les époques. À travers l’oeuvre prolifique de la photographe, dispersée entre les mains de différents collectionneurs, l’ouvrage dévoile les différentes facettes de sa personnalité : son intelligence, sa curiosité intellectuelle.

Jacqueline Salmon, une vie réfléchie

Jacqueline Salmon, une vie réfléchie, inaugure la nouvelle collection de
biographies, « Histoires de photographes ». L’approche, tout en douceur de Sylviane Van de Moortele, revient sur toute une vie, de l’enfance et ses fêlures, des rencontres et des initiations. Elle nous accompagne dans l’intimité d’un artiste, touchant du doigt une oeuvre, qui se nourrit de la vie et vice-versa, traversant les grandes et les petites histoires, les joies et les cicatrices… L’écriture, très fluide embarque le lecteur sur un parcours, qui, comme tout chemin, est parfois sinueux ou au contraire lumineux. Une vie d’artiste, une vie humaine…

CORRESPONDANCES AUTOUR DE BATAILLE

Retour sur un film d’André S. Labarthe qui a marqué la collection « Un siècle d’écrivains » : Georges Bataille, à perte de vue réalisé en 1997.
L’ouvrage reprend un entretien d’André S. Labarthe avec Olivier Meunier en 2014 et une correspondance entre le réalisateur et Michel Surya, durant la préparation du film. Le livre rassemble également une abondante iconographie tirée du film et des photos inédites de la photographe Anne-Lise Broyer. Une préface de Mathilde Girard et une postface de Vincent Roget, accompagnent une lettre inédite d’André S. Labarthe.