beaux livres : photo, architecture, art

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L’esprit du lieu

Implantée au cœur de la Cité universitaire de Madrid, la Casa de Velázquez, institution française inaugurée en 1928, a été créée pour accueillir en résidence des artistes et des chercheurs.

En résidence à la Casa de Velázquez entre 1993 et 1994, le photographe Max Armengaud a posé son regard et son objectif sur le lieu et ses habitants.
Trente ans plus tard, entre 2023 et 2024, il y est revenu pour un nouveau volet de prises de vues, suivant le même protocole. Le portrait de l’institution est celui de ceux qui y vivent et y travaillent. Tous sont représentés : le personnel, la direction, les résidents et les boursiers… Le photographe
saisit les liens intimes qui se tissent entre l’espace et ceux qui l’occupent.
Pour réussir à capter l’esprit du lieu avec exhaustivité, l’artiste s’est appliqué à explorer les différents espaces de la Casa : intérieurs et extérieurs, publics et privés, des plus visibles aux plus secrets… Chaque sujet est placé sur un même pied d’égalité. Une grande homogénéité ressort, affirmant ainsi
la pérennité de l’institution, inscrite dans la durée. Les portraits, exclusivement en noir et blanc, alternent avec des photos des lieux dont les plus récentes sont en couleur, qui n’apparaît dans le travail de Max que depuis une quinzaine d’années.

Pop’africa

Pop’Africa retrace quarante années de voyages à travers le continent africain.Myriam Viallefont-Haas a toujours porté un regard artistique et engagé sur une Afrique riche et complexe. Celle des réfugiés en Somalie, celle de la lutte pour l’indépendance en Namibie, celle du quotidien du peuple maasaï et de la protection du Maasaï Mara au Kenya. Cette Afrique désertique, mystérieuse, traditionnelle, mais aussi moderne, vibrante et indépendante, sur laquelle elle renouvelle notre regard grâce à son œil de photographe et d’artiste dans ces photographies-peintes.
Ses œuvres sont autant de fenêtres ouvertes sur l’Afrique, où chaque couleur, chaque texture raconte les défis et la beauté de ce continent. Ses photographies, peintures et photos peintes fusionnent dans son univers créatif où elle marie le pinceau à l’objectif.
« Quand je prends une photo, je vois un tableau », explique l’artiste qui aime la photographie pour sa rapidité,comme la peinture, cet art de la lenteur et de la méditation..

Rio Praia

Rio Praia, un des deux volumes d’un diptyque dédié à Rio, (le deuxième étant Rio Centro) se consacre à ces étendues de sable infinies, de Copacabana, la plus populaire, à Prainha, paradis des surfeurs à l’écart de la ville. Les plages à Rio sont une véritable agora où l’on fait aussi bien la fête que du sport, où tout se mêle et s’entremêle dans une atmosphère accueillante. Elles sont un véritable creuset social où tout le monde se retrouve : le bourgeois de Leblon comme le gamin des Favelas, l’employé municipal comme les couples qui sirotent une noix de coco à la fin d’une journée de travail…

Rio se prête bien à l’écriture photographique de Jean-Christophe Béchet, dans laquelle l’esprit documentaire s’évade vers une forme de poésie.

Rio Centro

Rio Centro, un des deux volumes d’un diptyque dédié à Rio, (le deuxième étant Rio Praia) constitue un portrait subjectif, intime, du coeur de la ville, aussi animé la journée que désert et dangereux le soir, quand les bureaux sont fermés.

À côté, il y a les quartiers de Santa Teresa, de Lapa, de Botafogo, de Flamengo, de Gávea… des lieux
où la Street Photography est un outil parfait pour témoigner d’un univers sombre et contrasté. Rio se prête bien à l’écriture photographique de Jean-Christophe Béchet, dans laquelle l’esprit documentaire s’évade vers une forme de poésie cinématographique qui laisse la réalité en suspension…

Gestes et rituels de la chambre noire

Michel Campeau est un de ces photographes qui, outre leur propre création d’images, ont toujours été passionnés par une photographie dite « vernaculaire », anonyme ou de famille. Il fait partie de cette génération de photographes qui pourrait réunir Martin Parr, Erik Kessel, Joachim Schmidt et d’autres,
qui ont créé par leur attention sur ces images délaissées avant eux, un genre à part entière… Depuis de nombreuses années, Michel Campeau traque dans l’immensité d’une production d’images mondialisée, les tirages photographiques amateurs ou de professionnels qui vont nourrir les différentes collections qu’il a établies.
Ainsi les chambres noires, que l’on pourrait considérer comme une sorte de caverne originelle de la photographie, ont toujours été, pour lui, l’un des plus importants objet de collection, certainement parce qu’elles contribuent à lui renvoyer sa propre image, l’autoportrait d’un créateur dont le regard a été forgé par cette photographie argentique qui apparaissait dans la nuit de la chambre, pleine de magie et de matière, que le passage à la photographie numérique a chassé.
À partir de centaines d’images qu’il a réunies, Michel Campeau dans Gestes et rituels de la chambre noire, crée une véritable encyclopédie, traversant plus d’un siècle de photographie, organisée par thèmes, déconstruisant ce qui compose la chambre noire : l’agrandisseur, les minuteurs, les lampes, les retouches, les photographes ambulants…
Le livre joue avec maestria d’un montage d’images et est parcouru des textes de l’artiste.

Vert Paradis

Niché au cœur du parc du Vexin français, le domaine régional de Villarceaux invite à la déambulation et à la rêverie. Classé au titre des monuments historiques, ce joyau méconnu abrite un ensemble unique de bâtiments du xivᵉ au xixᵉ siècles, et soixante-dix hectares de jardins d’une exceptionnelle
richesse, labellisés Jardin remarquable.

Les Reines du bois

« Pourquoi les gens nous jugent alors qu’ils ne savent rien de nous ? »
Pendant dix-huit mois, Françoise Evenou s’est plongée au cœur du bois de Boulogne, à la rencontre de femmes trans qui se prostituent pour survivre. Intriguée par ces femmes, parées comme des reines de beauté, trônant à l’avant de leurs camionnettes ou debout sur les trottoirs, Françoise Evenou a décidé de les rencontrer. Venant d’Amérique du Sud, elles ont tout quitté pour une vie meilleure, pour vivre librement au pays des Droits de l’Homme. Pourtant, cinq, dix, vingt ans plus tard, on les retrouve dans leur Nouveau Monde… le bois de Boulogne. Plus de trente de ces femmes ont accepté de prendre la parole et de se laisser photographier. Ignorées, insultées, méprisées, souvent agressées, elles ont trouvé la force de se dévoiler, de dire enfin au monde leur vérité et de témoigner de leur dignité.

À travers une série de photographies poignantes et d’entretiens sincères, Françoise Evenou a pris le parti d’aborder ce sujet si sensible en magnifiant ces femmes sans rien cacher de leur réalité, de la violence du monde dans lequel elles vivent.

Le soleil même la nuit

Le Soleil même la nuit explore la nature et les formes du lien parental abîmé ou interrompu, à travers les témoignages de vingt-six parents, aux milieux socio-culturels et professionnels variés, n’ayant parfois pas communiqué avec leur enfants depuis des mois voire des années. Le photographe Marco Barbon met en scène ce lien familial par delà l’absence de l’enfant, dans une représentation que les parents ont d’eux-mêmes. Des textes intimes écrits par des mères et des pères dialoguent avec les images par le biais de triptyques sur des pages dépliantes, qui dévoilent avec pudeur cet espace émotionnel où le vide subsiste, où la tendresse passée est la plus précieuse des archives. Ce livre ne se limite pas à montrer la souffrance endurée par les parents ; il met également en lumière l’amour inconditionnel que ces mamans et ces papas portent à leurs enfants. L’amour parental est là malgré tout, et il ne peut pas être effacé : c’est un soleil qui éclaire de toute sa chaleur même la nuit la plus noire.

Ces photographies témoignent des traces d’un processus de résilience, se poursuivant au-delà des images réalisées et peut-être aussi grâce à elles.
L’ouvrage sera accompagné de textes de spécialistes (Irène Théry, Bruno Humbeeck et Marie-France Hirigoyen) en introduction et conclusion, ainsi que d’un texte
de Marco Barbon.
Ce travail photographique s’inscrit dans une démarche plus globale qui inclura des documentaires sonores, des vidéos, courts métrages et expositions transmédias à partir de l’automne 2025 et sur toute l’année 2026.

La nature des équilibres

La Nature des équilibres est un récit construit autour d’une enquête photographique que Sylvain Gouraud a mené durant une dizaine d’année dans les milieux agricoles.
Il suit le fil qui relie nos manières de voir à nos façons de travailler la terre en jouant de l’analogisme entre la prise de vue et l’accaparement de la terre. Il tente de relier le monde de la culture et celui de l’agriculture.

Le livre se déploie en trois chapitres intitulés :
Voir, Savoir et Avoir.
Voir : ce premier chapitre décrit nos manières de voir et l’influence de l’esthétique sur les pratiques agricoles
Savoir : ce deuxième chapitre nous immerge dans la nécéssité pour les agriculteurs de faire des choix et dans la manière dont se construit leur savoir, entre croyance scientifique et pragmatisme ésotérique.
Avoir : ce dernier chapitre décline les conséquences d’une appréhension capitalistique du vivant au travers du rapport aux machines agricoles, de l’accaparement des terres et du brevetage des semences.

La Nature des équilibres dresse une représentation
contemporaine du monde agricole, de ses différentes pratiques à la manière dont il façonne le territoire. Il parcourt aussi bien le versant industriel que celui de la biodynamie.

Le reste du monde n’existe pas

De 2019 à 2024, Cédric Calandraud est revenu sur les terres de son enfance et de son adolescence pour photographier la jeunesse qui habite les villages de l’est et du nord de la Charente. À travers une enquête immersive, il a documenté cette période, à la fin de l’adolescence, où certains partent étudier dans les villes sans savoir s’ils reviendront un jour et où d’autres restent se former sur le territoire en espérant s’insérer rapidement dans la vie active. Ces jeunes s’appellent Anthony, Océane, Teddy, et ont entre 15 et 25 ans. Le photographe est allé à leur rencontre dans les établissements scolaires, les centres sociaux, sur leur lieu de travail ou pendant leur temps libre lorsqu’ils se retrouvent « chez les uns les autres », au terrain de motocross ou sur les berges de la rivière. Pour lui, ce travail avec eux a été l’occasion de redécouvrir ce territoire qu’il a quitté à l’âge de 18 ans, mais aussi son histoire et ses origines, de les relier au présent et à sa pratique. Photographies après photographies, il s’est reconnecté à cet endroit qu’il appelle encore chez lui.

Ce livre est accompagné d’un texte retraçant ces cinq années d’enquête, d’un entretien avec les sociologues Yaëlle Amsellem-Mainguy et Benoît Coquard et d’une mise en perspective politique de ce travail contre l’invisibilisation de la jeunesse rurale par Félix Assouly et Salomé Berlioux.