beaux livres : photo, architecture, art

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Espacio disponible

Nous sommes passés d’une économie axée sur l’offre à une économie axée sur la demande. La nouvelle économie du monde ne se définit pas seulement par la souveraineté d’une logique financière, elle est indissociable du poids que représentent les consommateurs. La consommation fonctionne désormais comme un flux continu et incessant. Les panneaux publicitaires installés dans le paysage
appartiennent déjà au passé, à une ère analogique. Leur matérialité est remplacée par des dispositifs publicitaires électroniques qui s’installent désormais dans les champs virtuels de l’Internet.

Le travail du photographe espagnol Eduardo Nave a été de documenter ces squelettes d’un passé glorieux et d’en dresser un inventaire. Ces panneaux sont devenus de véritables totems déchus et décharnés qui se désintègrent, année après année, contaminant l’environnement et le paysage visuel.
Il révèle ainsi une archéologie d’une société de consommation d’un autre siècle.

« Espacio disponible, c’est l’anti-Times Square : à la saturation de l’espace urbain par les enseignes resplendissantes en néon et LED succède le no man’s land des zones arides, dépeuplées, quasi désertiques, seulement surmontées de structures décharnées en quête de repreneur improbable. La désolation après le brillant, le vide après l’excès, l’ennui après l’euphorie de l’animation publicitaire. Voici le temps de la désaffection d’un grand vecteur communicationnel né au commencement de la modernité industrielle. » Gilles Lipovetsky

Eugène Atget – La Photographie des hommes libres

Nous ne connaissons que très peu de choses sur la vie d’Eugène Atget. Yannick Le Marec a analysé la production du photographe (des milliers de clichés) réalisés entre 1890 et 1920 et également toutes ses archives léguées après sa mort à la BNF (en particulier des coupures de presse et des journaux politiques). C’est donc une approche nouvelle qui nous en dit un peu plus sur ce photographe, y compris ses forts engagements politiques proches des milieux anarchistes de l’époque. L’auteur s’est penché plus particulièrement sur son travail photographique autour de la Zone, cette ère géographique comprise entre les fortifications et la banlieue, un anneau de 300 mètres de large qui entoure Paris au-delà des fortifications de Thiers laissées à l’abandon. C’est dans cette zone que se regroupent les chiffonniers pour y vivre et trier leur butin. Le parallèle entre les travaux du Grand Paris actuel, les zones de regroupement des migrants ou des toxicomanes y est également abordé.

La nature des équilibres

La nature des équilibres est un récit construit autour d’une enquête photographique que Sylvain Gouraud a mené durant une dizaine d’année dans les milieux agricoles. Il suit le fil qui relie nos manières de voir à nos façons de travailler la terre en jouant de l’analogisme entre la prise de vue et l’accaparement de la terre. Il tente de relier le monde de la culture et celui de l’agriculture.

Le livre se déploie en trois chapitres intitulés : Voir, Savoir et Avoir.
Voir : ce premier chapitre décrit nos manières de voir et l’influence de l’esthétique sur les pratiques agricoles.
Savoir : ce deuxième chapitre nous immerge dans la nécessité pour les agriculteurs de faire des choix et dans la manière dont se construit leur savoir, entre croyance scientifique et pragmatisme ésotérique.
Avoir : ce dernier chapitre décline les conséquences d’une appréhension capitalistique du vivant au travers du rapport aux machines agricoles, de l’accaparement des terres et du brevetage des semences.

La nature des équilibres dresse une représentation contemporaine du monde agricole, de ses différentes pratiques à la manière dont il façonne le territoire. Il parcourt aussi bien le versant industriel que celui de la biodynamie.

L’État des choses

Constituée de soixante-dix photographies noir et blanc, la série regroupée sous le titre « L’État des choses », contient à la fois des instantanés et des prises de vues faites en studio. Cet ensemble photographique a été réuni pour traduire une volonté d’entrer dans l’épaisseur du monde, dans sa matérialité, à travers les signes et les phénomènes qu’il produit. Conçu sous la forme de séquences, le livre opère par blocs d’intensités à travers lesquels ne se dessine pas tant un point de vue, qu’une variation de perspectives où seules les relations prévalent. En considérant le studio comme laboratoire et les instantanés photographiques comme un saisissement, l’expérimentation qui en résulte fait naître, au fil du livre, une certaine forme d’étrangeté chez les êtres et les choses. Ce livre est accompagné d’un court texte de Patrice Blouin.

Paysmages

Le philosophe Gilles Tiberghien est connu pour ses travaux autour du paysage et notamment pour ses recherches autour du Land Art, ses écrits et rencontres avec les plus grands artistes ayant notamment contribué à la diffusion en France de cet important mouvement artistique né aux États-Unis au XXe siècle. Mais depuis longtemps, moins connu par son public, Gilles Tiberghien s’intéresse à la photographie et écrit régulièrement sur des photographes contemporains. Paysmages réunit ainsi un ensemble de textes écrits sur près de vingt ans. La sélection des photographes que l’auteur a décidé de proposer ici met en lumière les réflexions qu’il poursuit autour de la notion de paysage : « La question sous-entendue, ici, n’est pas comment nous nous représentons les paysages, grâce à la photographie, mais plutôt comment cristallise dans ces images quelque chose que nous finissons par nommer paysage. »

Essais autour des oeuvres d’Aurore Bagarry, Thibaut Cuisset, Suzanne Doppelt, Hamish Fulton, Mario Giacomelli, Lucie Jean, Josef Koudelka, Richard Long, Alex MacLean, Manuela Marques, Bernard Plossu, Claire Renier, Bertrand Stofleth et Bill Viola.

Duographie

Duographie retrace dix années de création du duo d’artistes Pétrel I Roumagnac (duo), formé par Aurélie Pétrel et Vincent Roumagnac. À la croisée des arts visuels et du théâtre, leur travail explore le dialogue entre photographie et mise en scène à travers des installations à protocoles de réactivation et des pièces photoscéniques. Depuis 2013, ils conçoivent ensemble des créations qui évoluent en fonction de leur environnement d’exposition, interrogeant les conventions de la visibilité des oeuvres, tant dans l’espace que dans le temps. Chacune des pièces présentées par le duo ne cesse de se déplacer dans son endroit d’exposition, évoluant entre temps de latence, espace de réserve, et redistribution dans l’espace, selon des réarrangements successifs des objets photographiques et autres matériaux qui les constituent. En résultent des installations hybrides, un théâtre d’objet contemporain à temporalités troubles, mélange d’images fixes, de traces de corps, et de sculpture performative en perpétuel mouvement. L’ouvrage prend le parti de se focaliser visuellement sur de rêves, d’Astérion, et de l’Ekumen, la trilogie des pièces photoscéniques réalisées par le duo entre 2016 à 2023, chacune offrant une plongée immersive dans leur univers foisonnant et flottant. La « Pièce duophonique en neuf scènes » rejoue sous un format de pièce de théâtre, des entretiens entre les deux protagonistes, qui, en compagnie d’ami.e.s passant dans le cours de leur discussion, se déroulent tout au long de l’ouvrage jouée dans et pour le livre, et venant éclairer, au vif des paroles de l’intérieur, les dix années de ce travail unique en duo.

Index Pétrel

La pratique photographique d’Aurélie Pétrel interroge le statut de l’image, son utilisation ainsi que les mécanismes de sa production. Ancrées dans la durée, ses recherches visent à ramener la prise de vue au centre de la réflexion multisensorielle à l’aide de dispositifs spatiaux. Aurélie Pétrel pose la question de la mutation-mutabilité d’une image, son potentiel de fractalisation, non seulement en soi mais aussi dans ce qu’elle peut provoquer comme trouble en son expérience de pluriperception. Pour elle, une prise de vue génère une multitude de prises de point de vue. Les temps et les espaces ne cessent de se superposer, tout en ne cessant pas de se disjointer. L’image mouvante se redistribue et ses métamorphoses consécutives viennent ainsi déjouer son absorption consensuelle, sa perception une et définitive, son moment et sa position décisifs. Mettant en oeuvre les outils formels et les processus intellectuels tant des artistes que des chercheurs, Pétrel associe une démarche plasticienne et conceptuelle dans une suite programmatique de mises en situation, où le format exposition rejoue à chaque fois différemment, la dimension interprétative de toute partition, de toute photographie en latence, de toute forme en attente de métamorphose. Son travail fait partie de la collection du Musée de l’Élysée de Lausanne (CH) ; du Centre National d’Art Moderne (MNAM)–Centre Georges Pompidou, Paris, du Centre National des Arts Plastiques (CNAP), du FRAC Normandie Rouen et du FRAC Occitanie Montpellier…

FIGURES FLEURS FORÊTS

Jean Luc Tartarin emprunte à l’histoire de la photographie des images qu’il va reproduire dans un fichier qu’il nomme «premier» et à partir duquel il peut expérimenter différents interventions jusqu’à obtenir les œuvres qu’il juge abouties.
Lorsqu’il se saisit d’une photographie ancienne, de nature argentique, une fois scannée, elle devient comme un négatif. Le fichier brut, d’une nature particulière, permet à Jean Luc Tartarin d’entreprendre un travail de construction d’une nouvelle image dans une sorte d’alchimie digitale. 
Après ce long travail d’invention, mêlant plaisir et lutte avec la matière virtuelle, le fichier final va s’incarner dans la matérialité d’un tirage sur papier chromogène.
Dans son  processus de travail, le tableau élaboré ne doit pas permettre de percevoir les pixels dont l’image est constitué. Seules les matières, comme un tableau peint, doivent être visibles.
Le livre s’organise autour de trois grands ensembles iconographiques : les figures, les fleurs, et les forêts. Ce dernier sujet ayant toujours été important dans la recherche photographique que l’artiste mène depuis plus de cinquante ans.

African Memories

Cameroun, Mali, Niger, Burkina Faso, Nigéria, Algérie… Dans cette œuvre profondément personnelle, Jean-Christophe Béchet revient trente-cinq ans en arrière sur ses premiers pas de jeune photographe. Ce travail au long cours (trois ans d’immersion) qu’il appelle affectueusement « mes années africaines » aurait dû être son premier livre, mais sa vie personnelle et photographique en ont décidé autrement.

Peu d’images ont circulé, la majorité était restée toutes ces années dans des boîtes d’archives. Aujourd’hui, il a retravaillé sa sélection en cherchant à trouver un nouveau rythme. Il constate : « En vieillissant, les images changent de statut, certains souvenirs s’estompent, d’autres prennent la relève, certaines images s’imposent avec plus de force, d’autres deviennent répétitives et un peu « cliché ». Il faut arriver à naviguer entre une forme de nostalgie (inévitable, la photographie est aussi l’art du passé) et une volonté de construire une œuvre contemporaine avec des photographies qui ont plus de 35 ans ».

La plupart des territoires présents dans African Memories ne sont plus accessibles pour un visiteur français, ou européen. Le Mali, le Niger, le Burkina Faso, ces pays qui l’ont si bien accueilli avec son sac à dos sont aujourd’hui des lieux fermés. Cet ouvrage est un vibrant hommage à l’Afrique d’un photographe passionné.

Middle of Nowhere

C’est en 2003 dans le cadre singulier de la ville fantôme de Cook, en Australie, que Laurent Mulot a « implanté » le premier Centre d’art contemporain fantôme de Middle of Nowhere avec les deux seuls habitants de cette petite ville. Ce livre est une monographie revenant sur plus de 20 années de recherche et de rencontres aux quatre coins du monde qui ont progressivement permis à l’auteur de rentrer en collaboration avec des astrophysiciens sur la notion du « Milieu de Nulle part ».

L’œuvre a été analysée par le critique et historien de l’art contemporain Paul Ardenne.