Yann Datessen
Né en 1977 à Saint-Étienne.
« Sans diplôme, ni formation, je cumule les petits boulots de manutention jusqu’à la trentaine. Dévoré depuis toujours par la nécessité de faire des images, je produis dessins, peintures et photos longtemps dans mon coin, j’apprends le métier de photographe sur le tard, en autodidacte, et ne montre mes séries que récemment. Hasard de la vie, en 2012, l’université Paris-Sorbonne me demande de monter un atelier photographique pour
ses étudiants, j’en profite pour lancer un média en ligne consacré
à la photographie émergente appelé Cleptafire. Ainsi, depuis une dizaine d’années, je partage mon temps entre création, curation et enseignement, j’interviens aujourd’hui à Paris 1, Paris 3, Paris 4, Sciences-Po Paris.
Plutôt plasticienne, ma pratique interroge essentiellement le format de l’image, ce que l’association et la césure, via le polyptique, permettent comme narrations inédites. Me sentant proche de la démarche land-artist, j’élabore
également la plupart de mes projets en prenant soin de les présenter
en extérieur et de façon éphémère. Ainsi en 2015 j’installe ma série
« le Léthé » tout le long du canal de l’Ourcq à Paris, les images sur les écluses, les ponts, les berges. Depuis 2020, je relie artisanalement ma série
« l’Achéron » à 100 exemplaires, livre étanchéifié et jeté dans les plus grands fleuves européens pour laisser le courant les engloutir ou les faire échouer au hasard des berges et des rencontres. En parallèle de ces expériences, je réalise régulièrement des documentaires dont les sujets explorent différentes figures de la marginalité. En 2014 par exemple je vis 5 mois dans la ville libre
de Christiania à Copenhague et portraiture sa communauté libertaire.
De 2015 à 2020, je pars sur les traces d’Arthur Rimbaud à travers le monde. »
Arthur Rimbaud
Yann Datessen
« Entre 2016 et 2020, j’ai écumé les établissements scolaires et militaires des Ardennes pour portraiturer des adolescents de tous horizons : collèges plus ou moins aisés des centres-villes, lycées techniques ou agricoles en périphérie, casernes, structures de réinsertion professionnelle, peu importe, parce que faire l’inventaire des gamins de la région était, me semblait-il, la meilleure façon de matérialiser une ombre, je n’avais pas encore compris que l’ombre était l’inverse de l’image et que revenir avec quelques regards, une moue parfois, une moue d’ardennais, ça ne suffisait pas.
Les trajets du héros de Charleville sont alors devenus une obsession, plus exactement une bataille, oui quelque chose comme ça : opposer des images aux ombres, l’absurdité sur laquelle se défouler, tabasser l’horizon et lui casser les dents, questionner sa ligne de crête, s’en servir pour étrangler, se bâillonner soi-même, faire taire les autres, jusqu’au vertige, il a fallu partir pour cela, (il faut toujours partir) je suis parti. »
Yann Datessen a ainsi parcouru le monde sur les traces d’Arthur Rimbaud, retrouvant les lieux que le poète a parcouru, ceux où il vécut jusqu’à son tragique retour à Marseille. La Belgique, le col de Saint-Gothard, Londres, l’Italie, l’Éthiopie, deviennent le théâtre où l’artiste tisse paysages, portraits, situations pour retrouver plus que le fantôme du génial poète, sa vision.
Arthur Rimbaud
19 x 27 cm, 96 pages, 70 reproductions en couleurs, relié avec marquage or
ISBN : 978-2843140-56-3
Graphisme : L’Atelier d’édition
ISBN: 978-2843140-56-3