beaux livres : photo, architecture, art

  • facebook
  • instagram

Lipovetsky

Gilles Lipovetsky est un essayiste français et professeur agrégé
de philosophie à l’université de Grenoble. Il est également membre du Conseil d’analyse de la société et consultant de l’association Progrès du Management. Son nom reste associé à la pensée postmoderniste, de même qu’aux notions d’hypermodernité et d’hyperindividualisme. Son livre L’Ère du Vide est certainement le plus connu.

Nave

Diplômé de l’Escola d’art I Superior de Disseny à Valence, Eduardo Nave est titulaire d’un diplôme d’études supérieures en arts visuels et en design, spécialisé dans la photographie. En 2005, il a fondé avec 13 autres artistes le collectif de photographie contemporaine NOPHOTO qui, un an plus tard, a remporté le prix Arco et le prix de la révélation PHotoEspaña 2006. En 2014, avec 4 éditeurs, il a développé la publication DÚO et en 2016, il a créé et coordonné le projet EL DIARI INDULTAT. Depuis 2001, il collabore fréquemment avec les médias éditoriaux espagnols et internationaux, et les galeries Pilar Serra (Madrid) et Juan Silió (Santander) représentent son travail. Il a reçu plusieurs prix et soutiens pour ses projets et montre régulièrement son travail en Espagne et à l’étranger.

Espacio disponible

Nous sommes passés d’une économie axée sur l’offre à une économie axée sur la demande. La nouvelle économie du monde ne se définit pas seulement par la souveraineté d’une logique financière, elle est indissociable du poids que représentent les consommateurs. La consommation fonctionne désormais comme un flux continu et incessant. Les panneaux publicitaires installés dans le paysage
appartiennent déjà au passé, à une ère analogique. Leur matérialité est remplacée par des dispositifs publicitaires électroniques qui s’installent désormais dans les champs virtuels de l’Internet.

Le travail du photographe espagnol Eduardo Nave a été de documenter ces squelettes d’un passé glorieux et d’en dresser un inventaire. Ces panneaux sont devenus de véritables totems déchus et décharnés qui se désintègrent, année après année, contaminant l’environnement et le paysage visuel.
Il révèle ainsi une archéologie d’une société de consommation d’un autre siècle.

« Espacio disponible, c’est l’anti-Times Square : à la saturation de l’espace urbain par les enseignes resplendissantes en néon et LED succède le no man’s land des zones arides, dépeuplées, quasi désertiques, seulement surmontées de structures décharnées en quête de repreneur improbable. La désolation après le brillant, le vide après l’excès, l’ennui après l’euphorie de l’animation publicitaire. Voici le temps de la désaffection d’un grand vecteur communicationnel né au commencement de la modernité industrielle. » Gilles Lipovetsky

Eugène Atget – La Photographie des hommes libres

Nous ne connaissons que très peu de choses sur la vie d’Eugène Atget. Yannick Le Marec a analysé la production du photographe (des milliers de clichés) réalisés entre 1890 et 1920 et également toutes ses archives léguées après sa mort à la BNF (en particulier des coupures de presse et des journaux politiques). C’est donc une approche nouvelle qui nous en dit un peu plus sur ce photographe, y compris ses forts engagements politiques proches des milieux anarchistes de l’époque. L’auteur s’est penché plus particulièrement sur son travail photographique autour de la Zone, cette ère géographique comprise entre les fortifications et la banlieue, un anneau de 300 mètres de large qui entoure Paris au-delà des fortifications de Thiers laissées à l’abandon. C’est dans cette zone que se regroupent les chiffonniers pour y vivre et trier leur butin. Le parallèle entre les travaux du Grand Paris actuel, les zones de regroupement des migrants ou des toxicomanes y est également abordé.

La nature des équilibres

La nature des équilibres est un récit construit autour d’une enquête photographique que Sylvain Gouraud a mené durant une dizaine d’année dans les milieux agricoles. Il suit le fil qui relie nos manières de voir à nos façons de travailler la terre en jouant de l’analogisme entre la prise de vue et l’accaparement de la terre. Il tente de relier le monde de la culture et celui de l’agriculture.

Le livre se déploie en trois chapitres intitulés : Voir, Savoir et Avoir.
Voir : ce premier chapitre décrit nos manières de voir et l’influence de l’esthétique sur les pratiques agricoles.
Savoir : ce deuxième chapitre nous immerge dans la nécessité pour les agriculteurs de faire des choix et dans la manière dont se construit leur savoir, entre croyance scientifique et pragmatisme ésotérique.
Avoir : ce dernier chapitre décline les conséquences d’une appréhension capitalistique du vivant au travers du rapport aux machines agricoles, de l’accaparement des terres et du brevetage des semences.

La nature des équilibres dresse une représentation contemporaine du monde agricole, de ses différentes pratiques à la manière dont il façonne le territoire. Il parcourt aussi bien le versant industriel que celui de la biodynamie.

Gouraud

Sylvain Gouraud est un artiste visuel né en 1979 et basé à Aouste-sur-Sye dans la Drôme. Il s’immerge dans des milieux aux enjeux sociaux délicats dans lesquels la question de la représentation joue
un rôle prépondérant. Après avoir travaillé en prison ou avec les patients d’hôpitaux psychiatriques, il se concentre depuis une dizaine d’années sur les enjeux de description de notre rapport à la nature par le prisme des pratiques agricoles.

L’État des choses

Constituée de soixante-dix photographies noir et blanc, la série regroupée sous le titre « L’État des choses », contient à la fois des instantanés et des prises de vues faites en studio. Cet ensemble photographique a été réuni pour traduire une volonté d’entrer dans l’épaisseur du monde, dans sa matérialité, à travers les signes et les phénomènes qu’il produit. Conçu sous la forme de séquences, le livre opère par blocs d’intensités à travers lesquels ne se dessine pas tant un point de vue, qu’une variation de perspectives où seules les relations prévalent. En considérant le studio comme laboratoire et les instantanés photographiques comme un saisissement, l’expérimentation qui en résulte fait naître, au fil du livre, une certaine forme d’étrangeté chez les êtres et les choses. Ce livre est accompagné d’un court texte de Patrice Blouin.

Antoine

Pierre Antoine est artiste. Son travail s’articule autour de l’idée assez simple que le monde a quelque chose à lui apprendre et que cela en passe par l’image. Il réalise un grand nombre de photos, partout, tout le temps, ce qui forme ce que l’on pourrait appeler un « fonds » [photographique]. En l’alimentant sans cesse, en le consultant régulièrement et en le manipulant, des images s’agglomèrent et tracent différents « récits » qui prennent la forme de projets. C’est depuis ce fond que s’élaborent ses travaux. Il a exposé en France et à l’étranger, notamment au Centre national de la photographie à Paris, à l’ICC à Anvers, et plus récemment dans la seconde édition de la Triennale Art et industrie au Frac Grand Large à Dunkerque. Il est par ailleurs maître de conférence à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles où il enseigne les arts visuels.

Paysmages

Le philosophe Gilles Tiberghien est connu pour ses travaux autour du paysage et notamment pour ses recherches autour du Land Art, ses écrits et rencontres avec les plus grands artistes ayant notamment contribué à la diffusion en France de cet important mouvement artistique né aux États-Unis au XXe siècle. Mais depuis longtemps, moins connu par son public, Gilles Tiberghien s’intéresse à la photographie et écrit régulièrement sur des photographes contemporains. Paysmages réunit ainsi un ensemble de textes écrits sur près de vingt ans. La sélection des photographes que l’auteur a décidé de proposer ici met en lumière les réflexions qu’il poursuit autour de la notion de paysage : « La question sous-entendue, ici, n’est pas comment nous nous représentons les paysages, grâce à la photographie, mais plutôt comment cristallise dans ces images quelque chose que nous finissons par nommer paysage. »

Essais autour des oeuvres d’Aurore Bagarry, Thibaut Cuisset, Suzanne Doppelt, Hamish Fulton, Mario Giacomelli, Lucie Jean, Josef Koudelka, Richard Long, Alex MacLean, Manuela Marques, Bernard Plossu, Claire Renier, Bertrand Stofleth et Bill Viola.

Duographie

Duographie retrace dix années de création du duo d’artistes Pétrel I Roumagnac (duo), formé par Aurélie Pétrel et Vincent Roumagnac. À la croisée des arts visuels et du théâtre, leur travail explore le dialogue entre photographie et mise en scène à travers des installations à protocoles de réactivation et des pièces photoscéniques. Depuis 2013, ils conçoivent ensemble des créations qui évoluent en fonction de leur environnement d’exposition, interrogeant les conventions de la visibilité des oeuvres, tant dans l’espace que dans le temps. Chacune des pièces présentées par le duo ne cesse de se déplacer dans son endroit d’exposition, évoluant entre temps de latence, espace de réserve, et redistribution dans l’espace, selon des réarrangements successifs des objets photographiques et autres matériaux qui les constituent. En résultent des installations hybrides, un théâtre d’objet contemporain à temporalités troubles, mélange d’images fixes, de traces de corps, et de sculpture performative en perpétuel mouvement. L’ouvrage prend le parti de se focaliser visuellement sur de rêves, d’Astérion, et de l’Ekumen, la trilogie des pièces photoscéniques réalisées par le duo entre 2016 à 2023, chacune offrant une plongée immersive dans leur univers foisonnant et flottant. La « Pièce duophonique en neuf scènes » rejoue sous un format de pièce de théâtre, des entretiens entre les deux protagonistes, qui, en compagnie d’ami.e.s passant dans le cours de leur discussion, se déroulent tout au long de l’ouvrage jouée dans et pour le livre, et venant éclairer, au vif des paroles de l’intérieur, les dix années de ce travail unique en duo.